Atelier de gravure en taille-douce de Chamonix

Objectif du module :
Découvrir la gravure en relief.
Introduire le travail sur linoléum, sur bois de fil ou debout.
Exprimer des effets avec des traits fins pour le creux et des traits larges pour le relief.

Déroulement :
Préparation de la planche. Dessins préparatoires. Report de l'étude retenue avec du papier carbone main.

Début de la gravure.
Premiers états (essais d'impression sur presse taille-douce pour le linoléum et sur presse à épreuve pour le bois et le linoléum plus épais).

Corrections.
Tirage d'épreuves de la planche Lino, de la planche du bois de fil ou debout.

Matériel, matériaux et outils :
Presses à épreuve et de taille-douce, linoléum (20 x 25 cm), planche de bois de fil ou debout (15 x 20 cm), rouleaux encreurs, encre typo et papier.

Thématiques :
Catalogue d'œuvres d'artiste et modèles disponibles sur place.

Gravure sur bois de fil, bois debout et linoléum
Il faut des bois durs, le noyer, le merisier ou le poirier (le buis pour le bois debout).
Le choix des bois tendre (peuplier, tilleul) est possible, mais le résultat sera moins précis. Des planches de MDF peuvent être utilisées pour les premières gravures.
Le bois doit être sec, dépourvu de nœuds et de fissures (sauf choix personnel).
Choisir la partie la plus proche du cœur de l'arbre.
L'épaisseur parfaitement rabotée doit être d'une hauteur uniforme de 23,56 mm (hauteur en papier et du caractère typographique).
Faire un ponçage fin et l'huilage du bloc avec une couche d'huile de lin tiède (très important pour les bois mous).
Avant de commencer la taille, il faut appliquer au pinceau une couche d'extrait de cassel puis après séchage faire le report de l'étude ou du dessin avec du carbone blanc ou bleu avec une pointe de cuivre ronde.
Les outils pour les tailles sont les canifs, les gouges en "V" et en "U", les bédanes, les burins, les échoppes, les vélos.
Les bédanes sont des burins étroits dont le tranchant est dans le sens de l'épaisseur de la tige d'acier qui le constitue.
Il faut affûter régulièrement les outils sur la pierre d'Arkansas avec de l'huile.
Pour commencer, il faut caler le bois dans une planche de sécurité.
La méthode traditionnelle demande de commencer par le contour des traits au canif, puis d'évider les « blancs » avec les gouges et les bédanes. On peut s'aider pour les bois durs d'un maillet. Il suffit de creuser de quelques millimètres, entre 2 et 4, c'est suffisant.
Pour le bois de fil, il est préférable de suivre le sens des fibres, de là la supériorité du bois debout.
Le bois debout est un assemblage de morceaux de bois taillés perpendiculairement aux fibres. Pour le graver, le burin remplace la gouge.
Voir les gravures d'Honoré Victorin Daumier (1808-1879) et Gustave Doré (1832-1883).
Le buis est idéal pour cette technique, dense et dur, la qualité de la gravure et du dessin est parfaite.
Faire le ponçage fin et passer l'huile de lin tiède, finir en saupoudrant de la poudre de pierre ponce.
Les burins pour le bois sont de sections triangulaires, carrés ou en formes de losange.
La tige d'acier trempée est enfoncée dans une poignée en forme de champignon avec une partie inférieure plaque pour obtenir un geste le plus parallèle possible au bois.
Les burins carrés servent aux tailles larges, les autres aux tailles plus fines. Le burin à champlever de section creuse remplace les gouges.
Pour l'impression, on cale le bois dans une forme en acier de typographies avec des serrages et des lingots. La gravure est ainsi prête pour l'impression, les marges sont maîtrisées.

Linogravure
La linogravure n'est pas une technique pour les débutants. La preuve par Picasso.
En 1948, Pablo Picasso rencontre Hidalgo Arnera à Vallauris, imprimeur sur presse de typographie (relief) et expert en linogravure.
La linogravure utilise comme support le linoléum et les mêmes outils que le bois de fil, les canifs pour les traits fins et surtout les gouges classiques en "V" et en "U".
En 1954, Picasso décide de confier à Arnera la réalisation de deux affiches.
Picasso grave lui-même le linoléum. L'aventure va durer près de 10 ans et environ 200 linogravures seront imprimées et éditées, la plupart en plusieurs couleurs avec la technique de la plaque perdue (méthode Picasso).
Picasso grave à nouveau pour chaque couleur, soit une nouvelle planche soit la planche précédemment gravée avec des modifications. Les couleurs claires puis les plus foncées. Au début Picasso travaille la linogravure de manière traditionnelle en 2 couleurs et 2 plaques, jusqu'à 5 couleurs et 5 plaques pour "Buste de femme d'après Cranach". Puis il met au point un nouveau procédé, une seule plaque pour toutes les couleurs. De ce fait, Arnéra imprime avec des encres qui se superposent sans se mélanger.
Les avantages de la linogravure sont nombreux. La facilité pour faire les tailles, le passage possible dans une presse de taille-douce ou de typographie.
Pour la presse à épreuve de typographie, il faut les monter sur des planches de bois que l'on appelle « plateau » ou rehausser la hauteur au-dessus du marbre avec une planche ou des cartons gris.
Avant de graver, il faut faire un ponçage très fin et mettre éventuellement une couche de couleur noire sur la plaque.
Avec des liants naturels à base de gomme arabique (médium Schmincke pour impression) et des pigments organiques et minéraux, toutes les couleurs peuvent se faire. Ces couleurs sont miscibles entre elles.
Ce médium Schmincke pour impression peut aussi être mélangé à la peinture à l'huile Norma professional Schmincke (84 nuances) ou à la peinture à l'huile Mussini Schmincke (64 coloris) en proportion de 1 pour 1, pour faire ses encres d'impression.